En écoutant vendredi passé, le journaliste Daouda Mine, chroniqueur judiciaire dans l’émission « jàkkaarloo » nous rappeler les caractères de l’état, puisés du cours de droit constitutionnel en première année, je ne pus m’empêcher d’avoir un petit sourire au coin des lèvres .
Je me suis rappelé effectivement de ce cours du professeur Babaly Sall en 2010. Je me suis rappelé surtout de ce contrôle continu qui portait sur le thème Etat-nation et qui m’a vallu la note de 16/20 (une grosse note en droit cons lol). C’est que j’avais maîtrisé le sujet, j’avais pu trouvé des exemples très illustratifs à travers le monde, des cas où l’état et la nation coïncidaient, et des cas où ils étaient quasiment en conflit. De quoi s’agit il ? Il s’agit de se demander si chaque État est l’expression institutionnelle d’une nation.
Autrement dit, pourrait on parler de la nation sénégalaise du seul fait qu’il existe l’état du Sénégal ? Cette interrogation est d’autant plus intéressante que beaucoup confondent même les notions d’état et celle de nation. Or l’histoire a montré que bien autre contraire, le mariage entre les deux n’a jamais été de tout repos. Pour ne pas trop extrapoler, restons au Sénégal qui nous concerne aujourd’hui.
Nul ne doute de la réalité de l’état du Sénégal puisque comme le souligne Daouda Mine dans l’émission, on a les 3 conditions à savoir un territoire, un gouvernement et une population. C’est sur ce dernier élément que le bât blesse. Car dire qu’il existe une population, ne signifie pas que l’on a une nation. Il existe en effet deux thèses qui s’affrontent quant à la définition de la nation. Il y a d’une part la théorie objectiviste de la nation selon laquelle celle-ci repose sur des éléments objectifs tels que la race, la langue, la religion…
En d’autres termes, toutes les personnes qui partagent ces mêmes éléments constituent une nation. D’autre part, il y a la théorie subjectiviste qui considère que la nation relève d’une construction consciente des populations. C’est comme disait Ernest Renan, le commun vouloir de vivre ensemble. Si on regarde le Sénégal, à l’instar de la plupart des pays africains, on se rend très bien compte que c’est la seconde théorie qui est adoptée. D’ailleurs États issus de la colonisation n’avaient pas le choix, car les frontières léguées par les colons ont été tracées autour de peuples qui très souvent se considéraient différents voire ennemis tant et si bien que l’on voit aujourd’hui au sein de nos États des personnes qui n’ont pas les mêmes aspirations d’où les nombreuses guerres civiles sur fond d’idéologie ethnique raciale ou religieuse. La réponse d’avant-garde des pères fondateurs de la jeune République du Sénégal a très tôt été de confederer les populations autour de symboles qui trahissent ostensiblement leur objectif. Un peuple, un but, une foi est en effet une invite à l’unisson, terme clairement utilisé dans l’hymne nationale dont le champ lexical est sans aucun doute l’unité nationale. Après 60 ans d’indépendance quel est le bilan ?
Après avoir suivi le dernier numéro de l’émission jàkkaarloo sur la TFM, il paraît qu’il y a encore du travail à faire. En effet, on a assisté à une Confrontation sans merci entre deux camps de citoyens sénégalais qui n’avaient pas la même conception de l’état. Les principes, les références, les idéaux… Tout les séparait, on pourrait croire que ces gens étaient là seulement parce que le destin a fait qu’ils aient la même carte nationale d’identité dont un invité s’est même demandé ce qu’elle pouvait bien lui servir.
Qu’elle est donc la cause de cette déchirure dans le tissu social sénégalais ?… Nous y reviendrons