
L’historien Élikia M’Bokolo dit de Cheikh Anta Diop en 1996: « Les crises actuelles que vit le continent africain militent en faveur de l’évocation des thèses de Diop ».Une illustration avec le Mali actuel.Sur la CEDEAO, Cheikh Anta Diop, tenant en compte l’échec des grandes organisations du passé (OERS, UDEAO, OERM, EACM) affirme qu’il faut en finir avec les organismes sans lendemain. Pour lui, « l’organisation rationnelle des économies africaines ne saurait précéder l’organisation politique de l’Afrique…Les chefs d’État africains veulent réduire les exigences continentales et régionales à leurs propres égoïsmes personnels et nationaux. Autrement dit, ils s’accrochent au pouvoir, n’ont aucune intention de l’abandonner et parlent de créer des intérêts économiques régionaux. Personne ne veut abandonner un iota de pouvoir national. C’est pourquoi toutes les associations régionales précédentes ont échoué. »Sur la sécurité, Cheikh Anta Diop note : « Au siècle de la conquête de la lune et du système solaire, un continent qui ne peut assurer sa propre sécurité militaire, qui ne contrôle pas en particulier son espace atmosphérique et cosmique, n’est pas indépendant et ne peut pas se développer. » »La sécurité précède le développement », disait-il.Pour ces deux grandes carences – organisationnelle et sécuritaire -, Cheikh Anta Diop propose un État fédéral doté d’une armée continentale à commandement unique désigné par un exécutif fédéral qui va assurer la défense et l’intégrité de tout le territoire africain.Pour lui, seule la fédération, c’est-à-dire le « macro-État fédéral multinational, formant un ensemble politique et économique solide » est capable de « résister à la pression des monstres extérieurs ». Cheikh Anta Diop donne les étapes et les modalités de la création de cette grande entité supranationale. Il serait long de les développer ici. Il traite aussi longuement de la balkanisation, de l’appétit énergétique des grandes puissances et les conflits communautaires. Autant de maux dont souffre le Mali actuel. Photo: Groupe scolaire Cheikh Anta Diop à Bamako, fondé par l’historien malien Sékéné Mody Cissoko en 1992 en hommage à Cheikh Anta Diop.