Ces intéressants passages sont extraits d’une interview de S. Souhaibou Cissé, ancien secrétaire et chargé de communication de Cheikh Saliou Mbacké.
Ils renseignent sur l’extrême rigueur morale et le sens de la redevabilité dans la gestion du bien public dont le cinquième Calife des mourides faisait montre dans ses rapports avec l’Etat et sa communauté.———-« (…)
En un mot, on peut dire que Serigne Saliou est la copie conforme de son père. Toute sa vie durant, il eut comme objectif de s’investir pour l’Islam et d’œuvrer pour Cheikh A. Bamba, son père. A titre illustratif, dans les premières années de son khalifat, ceux qui n’avaient pas encore compris le sens de sa mission pensaient qu’il aimait accumuler des terres agricoles.
Mais quelques années plus tard, tout le monde s’est rendu compte de sa capacité à valoriser ces terres. Ce dont Khelcom constitue aujourd’hui un exemple éclatant. On n’a jamais vu dans notre histoire un homme créer en si peu de temps un village de 15 000 âmes, doté de toutes les infrastructures de développement, au point même d’être érigé en chef-lieu de communauté rurale. Mieux, la nourriture et l’entretien de toutes les personnes qui y vivent étaient à sa charge exclusive.Et je vais vous décrire aujourd’hui comment Serigne Saliou gérait le patrimoine de la communauté mouride. Depuis que je suis avec lui, j’ai toujours personnellement constaté la manière dont il séparait les dons pieux (adiyas) qu’on lui remettait [des autres fonds].
A chaque fois qu’il recevait un don en provenance d’une personnalité gouvernementale ou d’un haut fonctionnaire, il ne le mettait pas dans le compte de la communauté mouride, mais le gardait dans un endroit sûr. Et à chaque fois qu’une calamité naturelle, nécessitant l’intervention de l’Etat, était portée à sa connaissance, il utilisait cet argent pour venir en aide aux sinistrés. Il l’a fait à l’occasion du drame à la Sonacos (ayant occasionné plusieurs morts à l’époque) et pour des centaines de villages, dont les habitants, frappés par une catastrophe naturelle, venaient solliciter son assistance. Par contre l’argent qui provenait des disciples regroupés en Dahiras ou provenant du fruit de son propre labeur, à travers les champs qu’il exploitait, et d’autres dons différents de ceux de l’Etat, il les mettait directement dans le compte de la communauté mouride.
C’est ce qui lui a permis, quelques temps avant sa disparition, de rassembler toute la communauté pour l’informer, à travers les médias, du montant de 10 milliards qu’il a pu ainsi garder et qu’il comptait réinvestir dans la ville de Touba si chère à Khadimou Rassoul, son père. C’était le lancement officiel des chantiers de Touba qu’il a aujourd’hui légués à Serigne Bara Falilou.Il arrivait même qu’un village entier vienne le solliciter pour des vivres de soudure, un forage, ou une case de santé. Jamais il n’a demandé l’intervention de l’Etat.
Il débloquait toujours des dizaines de millions dans la discrétion ou la somme équivalente à la demande formulée qu’il remettait aux solliciteurs pour résoudre les problèmes des sénégalais qui venaient vers lui. Il avait également l’habitude de faire distribuer, durant la nuit, des vivres dans les quartiers pauvres de Touba.
On peut passer toute une journée à parler de ses bienfaits… »