L’affaire Sweet Beauté continue de faire fureur dans les débats.
Au-delà qu’elle est devenue une affaire purement politique, elle montre le côté paradoxal du sénégalais et démontre notre irresponsabilité à assumer, mais surtout notre besoin de chercher ou de désigner le coupable en dehors de nous-mêmes.
C’est vrai que c’est un fait divers, mais un fait divers divers qui a l’exploit de révéler tous les paradoxes du sénégalais et notre versatilité passionnante. Je vais juste insister sur quelques points pour déterminer notre dimension paradoxale.
1) Ousmane Sonko dit qu’il est est innocent et crie partout que cette affaire est un complot depuis le palais. Mais pour se rendre au Tribunal, il a besoin de faire toute une comédie en voulant parader tout Dakar afin de montrer qu’il doit faire face au juge après avoir affirmé qu’il n’ira pas le voir puis qu’il ira le voir selon les conseils de son marabout et de ses avocats. S’il est convaincu qu’il n’a rien fait, pourquoi il refusait de répondre au juge ? Peut être, il avait peur de la prison ? Un homme politique africain qui a peur de la prison ? En Afrique subsaharienne, la prison est un risque majeur pour tout homme politique et à même injustement. En Afrique subsaharienne, on dit souvent que la prison est un passage obligé vers le palais. D’autant plus que Ousmane Sonko est sûr mais vraiment sûr qu’il n’a rien fait. Il a même juré qu’il n’a rien fait de ce qu’on lui accuse. Je crois qu’il a peur d’un procès ou la prison. Car depuis le début il ne fait que s’engouffrer dans des brèches. Du terrain judiciaire, il déplace le fait divers sur un terrain politique. Mais n’oublions pas c’est une affaire entre deux sénégalais et que le juge instruit à charge et à décharge.
2) Ses militants continuent d’affirmer qu’il est innocent et que cette affaire est un complot pour éliminer leur chef. Ce qu’il démontre tous les jours dans les réseaux sociaux. Alors, s’ils sont convaincus que leur chef n’a rien fait, pourquoi ne le pousse-t-il pas vers un procès et qu’il porte plainte contre ses comploteurs ? Tous les jours, ils nous montrent les «preuves» du complot. Donc celui-ci est facile à démonter et ils le démontrent chaque jour. Maintenant ce qu’ils doivent faire c’est de réclamer un procès équitable et à même une commission indépendante pour juger cette affaire ainsi que ses conséquences.
3) Le M2D qui soutient Ousmane Sonko est aussi convaincu que ce dernier est innocent. Que c’est Macky Sall qui ne veut pas de concurrent politique dans ce pays. Ils citent souvent Karim Wade et Khalifa Sall tout en sachant qu’ils étaient d’accord antérieurement pour leur procès. En réalité, s’ils sont sûrs que c’est un complot pourquoi ils veulent que la justice renonce à poursuivre Ousmane Sonko dans cette affaire de Sweet Beauté ? Ils réclament la justice dans ce pays, mais ils la refusent à Aji Sarr ou à Ousmane Sonko et à même au peuple sénégalais qui a besoin de savoir ce qui s’est réellement passé entre Aji Sarr, Ousmane Sonko.
4) Les militants de BBY et surtout ceux de l’APR ou de REWMI qui continuent d’accuser Ousmane Sonko doivent aussi apporter des preuves qui culpabilisent ce dernier. On ne peut pas dire que Sonko a fait ceci ou cela tout en oubliant qu’il a raison de se méfier de cette justice même s’il est convaincu qu’il n’a rien fait. C’est pour cette raison que vous devez militer pour une commission indépendante qui jugera cette affaire et ses conséquences.
5) Des marabouts sans doute partisans de Ousmane Sonko ou mécontents de Macky Sall ont jeté de l’huile sur le feu afin de pousser les jeunes à manifester, mais ils ne seront jamais devant un cortège et ils n’enverront jamais leurs enfants afin de se faire massacrer. J’ai entendu un marabout dire qu’il demande pardon à Wade pour l’avoir combattu. Sûrement, il devait regretter Diouf lorsqu’il combattait Wade.
6) Les sénégalais de la diaspora ou certains de la diaspora demandent à ce que la rue libère notre démocratie. Mais pourquoi ils ne viennent pas participer à la lutte ? C’est facile quand même de se mettre au chaud et de garder ses enfants dans le chaud et demander les enfants d’autrui de descendre dans la rue ? Osons le dire le Sénégalais est fasciné par la contradiction. C’est pour cette raison qu’il tourne toujours son regard vers la périphérie de chaque fait et non du fait en lui-même. En réalité, nous sommes victimes de notre paradoxe tout en étant très passionnés.
PAR: M. Moustapha Diop