Extraits de « KHIDMA : La Vision Politique de Cheikh A. Bamba » de S. A. Aziz Mbacke Majalis (p. 188)
« L’échec des prédictions sur l’avenir du Mouridisme trouve, à notre sens, son origine dans la négligence des chercheurs envers ses véritables éléments doctrinaux, comme nous l’avons déjà relevé, et leur focalisation excessive sur ses variables sociologiques au détriment de ses constantes idéologiques.
Ainsi ce que beaucoup de ces auteurs semblent ignorer, et qui a jusqu’ici faussé leurs régulières prédictions sur « la désintégration de la confrérie mouride » (Paul Marty), c’est que la constante de base du Mouridisme n’est point la relation marabout‐talibé classique sur laquelle s’est arc‐boutée une grande partie de leur recherche. Mais elle s’articule plus, à notre avis (et sans renier son importance), sur la valeur intrinsèque de Cheikh A. Bamba lui‐même, sur son extraordinaire charisme et sur la valeur spirituelle et sociale de ses enseignements et de son œuvre. Car, bien que les rapports marabout‐disciple aient souvent évolué dans le temps et l’espace, et dussent‐ils même se métamorphoser radicalement dans le futur, le Mouridisme, en tant que projet de renaissance de l’Islam, pourrait vraisemblablement revêtir, selon nous, d’autres formes sociales convenant mieux à son objet et à ce contexte.
En fait ces auteurs n’ont jusqu’ici pas compris que, dans le Mouridisme et pour les mourides, Serigne Touba est au fond la seule véritable constante de leur projet de société pour l’Islam et que tout le reste n’est, en définitive, qu’un ensemble de variables assujetties à cette constante unique. Car tout jëwriñ (représentant) ou Objet de Khidma intermédiaire peut bien être remplacé par d’autres jëwriñ, sans que la base du système soit fondamentalement remise en cause… »