
Après Cent vingts quatre ans exactement, le 5 Septembre reste à tout point de vue un événement marquant une rupture dans le sens de l’histoire politique de notre pays. Certains demanderont avec insistance pourquoi le choix politique pour apprécier la teneur de cette célébration.
Partant de l’histoire, ce témoin des siècles que l’on passe de génération en génération, l’appreciation ou même l’essence du conseil privé fut l’aboutissement d’un long processus jalonné dans la plus grande discrétion et dans un dessein solide d’éliminer ou même liquider l’avenir d’un saint qui se réclame uniquement de deux qualificatifs: l’esclave de son Seigneur et le Serviteur Eternel du prophète de l’Islam MOUHAMED ( Paix et Salut sur lui ).
Nous avons la magie de célébrer Cheikh AHMADOU BAMBA avec énormément de ferveur en pareille circonstance. Certes, en toute légitimité, c’est tout à fait redevable et normal. Bref, dans la logique de l’évidence, si nous nous posions les bonnes questions dont les réponses permettront à coup sûr de comprendre de façon authentique les raisons qui ont poussé Cheikh Ahmadou Bamba à effectuer une prière dans le lieu de sa convocation en l’occurrence le bureau du gouverneur de Saint Louis.
Pourquoi le choix de Cheikh AHMADOU BAMBA ?
Pour quelles raisons fut il convoqué ?
Ses droits furent ils respectés durant ce procès ?
Quel fut le sort de cette convocation ?
Quelles sagesses retenir du sort réservé par le Conseil Privé ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Paul Marty dans son ouvrage l’Islam au Sénégal affirme le propos suivant : » La secte mouride repose tout entier sur son fondateur et maître Ahmadou Bamba . C’est par ce qu’elles sont attirées par sa sainteté, par sa science, par la croyance qu’il est en communication directe et permanente avec la divinité et en quelque sorte sa personification sur la terre que les foules se sont précipitées sur ses traces et l’ont élu pour pasteur et chef supreme ».
Durant cette période, la prospérité dans le sens matériel du terme attirait toutes les couches sociales vers la cour royale des Damels et des Teignes.
Le moyen de promotion sociale le plus rapide au détriment de travaux champêtres était d’être au service du pouvoir.
Il fallait une révolution
Il fallait apporter un souffle nouveau à ce système.
Il fallait dans tous les cas imposer la rupture mais surtout avec la manière.
Quelqu’un que vous imaginez certainement devait dans le cours normal des choses, comme prédestiné par la volonté divine, passionner son siècle à travers des retraites spirituelles, se privant de toutes les choses mondaines, malgré les menaces terribles et persistantes de l’autorité française de l’époque.
» Ils m’ont conseillé » vas t’agenouiller auprès des détenteurs du pouvoir ( des rois ) et tu obtiendras des récompenses qui t’enrichiront pour toute la vie « .
» J’ai répondu : je compte sur mon Seigneur, je me contente de lui ; je ne désire rien d’autre que le savoir et la religion.
Je n’espère qu’en mon Roi, je ne crains que lui et il est Auguste et qui peut m’enrichir et me sauver « .
Les chefs coutumiers, les hommes de prestige, les chefs temporels s’inquiétaient avec beaucoup de mépris et de suspicion de l’importance ou même de la grandeur qu’il jouissait auprès de tous.
Ce fut un terrible bouleversement ou même un accident au cours de l’histoire . Les hostilités commencèrent petit à petit.
» Les esprits se livraient à leurs jeux de conjecture et d’interprétation au sujet de ce sur homme. Ceux qui se sont donnés la peine d’aller le voir se sont rendus à l’évidence mais les réfractaires mirent des hypothèses fragiles et gratuites.
La ruée éperdue continuait vers le grand Cheikh.
Ce qui n’a pas tardé de porter ombrage aux cœurs des jaloux parmi les chefs temporels et d’inquiéter l’autorité coloniale et le conflit aboutit à un exil «
Il fut ainsi convoqué dans le bureau du Gouverneur de Saint Louis face à un conseil privé qui a fourni des accusations et décida arbitrairement de l’exiler au Gabon pour le motif suivant :
« le conseil privé après avoir entendu la lecture des rapports de M.M Merlin et Leclerc et fait comparaitre Ahmadou Bamba a été d’avis, à l’unanimité, qu’il y avait lieu de l’interner au Gabon, jusqu’à ce que l’agitation causée par ses enseignements soit oubliée au Sénégal »
Hélas !
Quelle injustice !
Quelle forfaiture !
Quelle iniquité !
Plus de cent ans après, sont ils parvenus à leurs
objectifs ?
Nous en sommes là aujourd’hui:
» L’héritage d’Ahmadou Bamba constitue à la fois un enrichissement inappréciable de notre patrimoine spirituel et une affirmation de cette autonomie culturelle qui est, tout autant que l’indépendance économique, une condition nécessaire du développement national » dixit Mamadou DIA.
Ce passage à Saint Louis était un début pour de véritables hostilités qui présage clairement la décision du conseil privé avec un exil au Gabon pour des atrocités, des menaces, des persécutions qui dépassent farouchement le cadre de l’imaginaire. Cheikh Ahmadou Bamba nous dira à propos de ce séjour à Saint Louis dans son ouvrage qui relate son départ en exil ( Jazahou Chakoor ) :
» J’ai subi dans cette île (Saint Louis), au cours de cette période des épreuves que n’évoquerai jamais par courtoisie à l’endroit du plus DIGNE DE RECONNAISSANCE Qui est adoré par amour pour sa face. Celles-ci (les épreuves) étaient une éducation spirituelle de la part du VIVANT (DIEU) Qui ne meurt pas. Lui qui m’a dispensé de recourir aux armes contre l’assassin ».
Vous vous rendrez compte que ces lignes tentent de parapher un film de l’histoire, il le faut bien, pour comprendre le sens de la célébration du 5 Septembre avec au menu des faits historiques dont celui de la célébration marque la prière des deux Rakas dans le bureau du Gouverneur de Saint Louis.
Ce fut un procès qui ne respecta en aucune manière les réalités d’un procès équitable et qui tentait avec beaucoup d’imagination d’éliminer un prêcheur de l’Islam. Il devient après de longues années la personnalité religieuse la plus influente de l’histoire du Sénégal pour reprendre exactement les termes de David Robinson comme pour dire que » Le règne de l’erreur est éphémère tandis que celui de la vérité est éternelle «
Vivement le 5 Septembre !
Vivement le triomphe de l’islam !
Vivement Cheikh Ahmadou Bamba