Accueil Éducation JEUNESSE SAVAIT, JEUNESSE POUVAIT !

JEUNESSE SAVAIT, JEUNESSE POUVAIT ! [PAR SOB]

1099
0

Quand il est question de Cheikh Ahmadou Bamba, de son entourage et de ses grands disciples, on pense souvent qu’il s’agissait de personnes âgées, sans doute parce que les faits relatés nous paraissent si lointains.

Il est pourtant judicieux de rappeler que l’essentiel de ces personnages extraordinaires par l’héritage qu’ils ont laissé, étaient « jeunes » si l’on s’en tient à la définition exotérique du terme. De plus, ils ont accompli de lesdites prouesses en un laps de temps très court.

Cheikh Ahmadou Bamba érigea la voie mouride à l’âge de 30 ans. Quelques mois plus tard, il fonda le village de Darou Salam. La localité de Touba suivra quelques années après. Il avait 40 ans quand une déportation fut décidée à son encontre par l’administration coloniale en raison de son influence grandissante sur les masses. Le Cheikh a donc instruit, éduqué et préparé des masses innombrables de disciples avant l’âge dite de la « sagesse » et bien avant ses démêlées avec le colonisateur. Il est par ailleurs établi que certains de ses ouvrages étaient enseignés dans le « daara » de son illustre père tant leur qualité était hors du commun. Certains de ses poèmes devenus célèbres ont été composés par le Cheikh alors qu’il n’avait même pas 15 ans.

Cheikh Ibrahima Fall fit allégeance à Cheikhoul Khadim à l’âge de 26 ou 27 ans (suivant les sources). Le Cheikh avait alors près de 30 ans. Inutile d’évoquer la dimension de celui qui est devenu la « porte de la Mourdiyyah » (Baboul Mouridine).

Mame Thierno Birahim avait la trentaine quand il a été fait émissaire par Cheikhoul Khadim pour porter cette missive historique de mise au point adressée au gouverneur général de l’AOF. C’est aussi à compter de la même periode que toute une communauté a été placée sous sa responsabilité quand Cheikh Ahmadou Bamba, son maître spirituel et grand-frère, déporté au Gabon, dut s’absenter du Sénégal pendant près de 8 ans.

Serigne Massamba Mbacké n’a pas connu son père Serigne Momar Anta Saly. Il avait 14 ans quand son maître spirituel et grand-frère Cheikhoul Khadim, qui jouait le rôle de père auprès de lui, fut déporté au Gabon.* Mame Cheikh Anta Mbacké (Borom Gawane) avait 17 ou 18 ans quand Cheikh Ahmadou Bamba, son grand-frère, lui céda le village de Darou Salam et plaça sous sa responsabilité pas moins de 99 disciples.

Cheikh Mouhamadoul Moustapha et Serigne Fallou étaient âgés d’à peine 8 ans au moment de la déportation de leur vénéré père.

Cheikh Mouhamadoul Moustapha Mbacké avait 40 ans quand il a été porté à la tête de la communauté mouride suite au rappel à Dieu de son vénéré père. Aussi extraordinaire que cela puisse paraitre, il n’a vécu qu’une soixantaine d’années en dépit de l’apparence physique d’une personne restée près d’un siècle sur terre.

Cheikh Mouhamadou Lamine Bara Mbacké n’a vécu que 45 ans. Sa production littéraire, dont le style ressemble, à s’y méprendre, à celui du cheikh, demeure pourtant une des plus foisonnantes du pays.

Serigne Bassirou Mbacké est venu au monde en 1895, l’année de départ en exil de son père Cheikh Ahmadou Bamba. La vie terrestre de Serigne Bassirou (1895 – 1966) n’a duré que 71 ans. Il est pourtant l’auteur de l’un des ouvrages de référence sur la biographie de Cheikhoul Khadim et l’histoire de la voie mouride.

Serigne Abdoul Ahad Mbacké avait 13 ans quand son vénéré père fut rappelé à Dieu. En 1932, âgé de 18 ans, il obtient de son oncle Serigne Hamzatou Diakhaté une exploitation agricole à Kàdd Baloodji, situé à 11 kilomètres de Touba. À l’âge de 20 ans, il s’installa à Guélonguel (dans le Saloum) après avoir reçu une surface cultivable de la part de Serigne Bassirou Mbacké. Il accéda au khilafat à l’âge de 55 ans et marqua de manière indélébile l’Histoire de l’Islam et du Mouridisme au cours d’un inoubliable magistère.

Serigne Abdoul Khadre Mbacké a vécu 75 ans. De l’âge de 54 ans (en 1968) jusqu’à son rappel à Dieu en 1990, il officia en tant qu’imam de Grande Mosquée de Touba.

Serigne Saliou Mbacké a 12 ans quand son père fut rappelé à Dieu. Sa qualité d’éducateur hors pair lui permit de former, pendant près de 73 ans (de 1934 à 2007), plusieurs générations de musulmans sur les principes et valeurs de leur religion. C’est ainsi qu’un récent recensement, effectué dans le cadre d’une étude sur la place de l’éducation en milieu mouride, démontra que Cheikh Saliou comptait à son actif 28 daaras où résidaient près de 10 000 élèves, encadrés par 336 professeurs. C’est en 1991 que l’histoire de Khelcom débuta avec 45 000 hectares de terres défrichées. L’homme révélait ainsi ses talents de grand économiste. Khelcom compte 15 daaras.

Serigne Mourtada Mbacké avait 6 ans quand son père fut rappelé à Dieu. Les instituts Al-Azhar qu’il a mis en place depuis les années 70 constituent à ce jour le plus grand réseau scolaire privé du Sénégal. Des centaines d’enseignants y assurent l’instruction, mais aussi l’éducation de plus 70 000 élèves dont beaucoup représentent des cas sociaux inscrits gratuitement. Il a en outre porté le message islamique universel de Cheikhoul Khadim dans les quatre coins du monde.

Sokhna Mariama Bousso, sainte mère de Cheikh Ahmadou Bamba, n’a vécu que 33 ans. Son œuvre est restée gigantesque et demeure non encore décryptée. Sokhna Diarra symbolise à elle seule l’action de toutes les vertueuses femmes qui ont été abreuvées à la source intarissable de Cheikh Ahmadou Bamba.La liste est loin d’être exhaustive, mais l’on notera qu’aucun de ces illustres personnages n’a vécu 100 ans. Celui qui a le plus duré sur cette terre est Serigne Saliou Mbacké qui, du haut de ses 92 ans, fut ravi à notre affection en décembre 2007.Il est parfois bon de rappeler ces éléments historiques aux fins de renforcer la détermination d’une jeunesse dont les déceptions répétées ont tendance à obérer l’ambition. Quand jeunesse veut, souvent elle peut pour peu qu’elle soit éclairée et déterminée.

Seydina Omar Ba

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici