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HOMMAGE A SERIGNE SAAM MBAYE [PAR: CHEIKHOUNA AWA]

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Quand nous étions à l’école coranique, à Touba, nous allions, très souvent, dans les librairies en face de la grande mosquée de Touba pour écouter les conférences de S. Sam.

Jeudi et vendredi, nos jours de repos, étaient les occasions pour nous (qui étions en phase de « békhi ou bind kaamil ») d’aller recueillir ses enseignements.

Nous avions mémorisé plusieurs conférences de S. Sam, à cette époque. Après les séances, nous nous retournions à notre Daara ; heureux d’avoir appris quelque chose de nouveau. Entourés par nos confrères nongo-daara, nous nous mettions à réciter tout ce que nous avions entendu. Parfois nous organisions de petits « magal » entre ndonga-daara et désignions quelqu’un parmi nous pour qu’il anime la conférence.

En parlant, il doit imiter la voix et les gestes de S. Sam et reprendre littéralement ses mots.
Cette expérience a impacté considérablement notre parcours. A voir tout l’impact que ses conférences exercent sur un grand nombre de Sénégalais, je comprends aujourd’hui pourquoi Serigne Sam disait qu’il préférait parler oralement au public, à travers ses conférences, que d’écrire de livres. Il avait très tôt compris que ce ne sont pas tous les Sénégalais qui peuvent lire et écrire en arabe ou en français.

Et même ceux qui manient bien les langues et ont les moyens de se procurer des livres n’ont tous le temps de se concentrer constamment à la lecture. Aujourd’hui, la plupart des gens qui se réclament de lui ont presque tous vécu une expérience ayant occasionné la croisée de leurs chemins.

Sa voix vibrante dégage des paroles qui touchent profondément les cœurs. Il est quasiment impossible de l’écouter assidument et attentivement sans finir par l’aimer et s’orienter vers la Voie de la vérité. Son éloquence, sa maitrise des sujets et la véracité de ses propos font de lui un Maitre Spirituel exceptionnel. En effet, au-delà de cette dimension mystique, Serigne Sam était un intellectuel au sens strict et moderne du terme.

Après ses études au Sénégal et en Mauritanie, en passant par Koki et Saint-Louis, il est parti en Tunisie où il décrocha une licence. Rentré au bercail, il n’arrêtera pas les études. Pourtant il était happé par les occupations. Enseignant arabe au lycée de Faidherbe de Saint-Louis (actuel lycée Alhadji Omar Tall), il entreprit un nouveau parcours d’études. Il s’efforça de parfaire son niveau de français. Ce qui lui permit plus tard d’obtenir le BFM, appelé, à l’époque, Brevet d’Etudes du Premier cycle.

L’obtention de ce diplôme était une source de motivation. Finalement il a obtenu son BAC en 1960. Il est entré à l’Université de Dakar en 1968 après avoir passé un test. Il poursuivit ses études au Département arabe de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines. C’est en 1982 qu’il soutint sa thèse de DEA Doctorat sous le thème (le soufisme de Cheikh Ahmadou Bamba, éditée en deux volumes).

Il a obtenu aussi une autre licence au département de Lettre moderne, de la même faculté. Après avoir enseigné au lycée de Balaise Diagne et occupé le poste de directeur de l’Ecole Fallou Mbacke Point E, il a été maitre de conférence au département arabe de 1885 jusqu’en 1992 ; année de sa retraite. Serigne Sam a terminé la rédaction de sa thèse de doctorat d’Etat en 1985. Mais elle ne fut pas soutenue.

Faute du Jury, lui a-t-on dit.Connu pour sa parfaite maitrise de l’arabe et du français, il s’est attelé à la traduction de l’œuvre de Cheikh Ahmadou sur l’ordre de Serigne Abdou Ahad. Aujourd’hui, c’est à lui et à certains de ses disciples que nous devons la traduction de Massalik, de Nah’ju, de Jawhar an-Nafis, et de nombreux qassida de Serigne Touba ; dont Jazbu xuloob. Il est désolant que des personnes reprennent son œuvre sans citer son nom.Serigne Sam comprenait les enjeux socioreligieux de son époque.

Il parlait aux différentes catégories de la population et faisait face aux défis de la modernité et de la mondialisation. A chaque fois qu’une question lui était posée, il répondait avec autant d’énergie. Comme si une grande opportunité d’illuminer les esprits lui était donnée. Il parlait avec aisance et maitrise. En l’écoutant, l’on ne peut pas s’empêcher de se rendre compte de son large champ de lecture.

Serigne Sam est rappelé à Dieu, samedi, le 14 mars 1998 à l’hôpital Principal de Dakar ; une semaine après une conférence qu’il anima à Dakar.
Aujourd’hui, force de reconnaître que le plus grand hommage que l’on peut lui rendre consiste à préserver et transmettre son œuvre à la progéniture. Ce que ses disciples semblent d’ailleurs avoir compris. Ces derniers créent de groupes WhatsApp, transcrivent un nombre de ses conférences, recensent ses conférences et retracent son parcours. Un bel ouvrage (Serigne Sam MBAYE : itinéraire d’un Homme de Dieu * ) a été publié par le sociologue Abdoullay CISSE. Sans parler des dahiras crées dans le but de promouvoir son œuvre et d’aider les jeunes à se plier à l’ordre divin à la lumière de ses enseignements.

Puisse Dieu lui accorder sa miséricorde
* Ce livre est notre principale source.
Il est à lire absolument

Cheikhouna MBACKE Awa

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