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ERREURS ET ERREMENTS D’UN « PROFESSEUR » [Par: Falilou Ndiaye]

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Les déclarations du « Professeur » ayant suscité ces derniers jours, l’ire de beaucoup de mourides, ne peuvent être lues que sur la base d’une incompréhension assez manifeste des relations entre les guides religieux et les colons. L’exemple d’autorisation de construction d’édifices religieuses (Mosquée de Diourbel) pour justifier une imaginaire intervention de l’autorité coloniale sur les pratiques cultuelles des leaders confrériques démontre aisément l’absence de recherche scientifique et d’interrogation rigoureuse sur ce qui fondait les rapports entre religieux et colons.

Pourtant, la déclaration de Serigne Abdoul Ahad Mbacké sur la position de Serigne Touba sur le croissant lunaire montrait déjà que la célébration des 2 korités ou 2 tabaski n’est pas récente contrairement aux allégations du « professeur ». Qui sur un ton assez courageux semble être témoin de l’histoire malgré son très jeune âge. Une lecture simple de l’histoire montre facilement que la problématique de datation des fêtes religieuses a toujours existé au Sénégal du fait de l’interprétation des textes. La seule chose ayant changé jusque-là, est le tapage médiatique qui de nos jours peut susciter un semblant de divergences pouvant saper la cohésion et la paix sociale. Raison pour laquelle, Serigne Sidy Mouhtar défunt calife des mourides (appuyé pour Serigne Abdou Aziz Al Amine défunt calife des tiijaan) avait posé des actes forts visant à amener les leaders confrériques à célébrer ces fêtes ensemble. Cohésion inter-confrériques jusque-là maintenue et réussie depuis près d’une décennie et bizarrement ignorée par la plupart des « professeurs » virtuels adeptes du « wax muy dox ».

« Jeûnez à sa vision et rompez le jeûne à sa vision et si vous êtes empêchés par des nuages alors complétez le nombre de jours de Cha’ban à 30 jours ». Interpréter ce Qadith par le fait que les arabes avaient un faible accès à la science (astronomie, géométrie) pour dire qu’on peut jeûner en se basant sur les calculs est une hérésie. La plus part des savants des quatres écoles juridiques sont en consensus sur le fait qu’il n’est pas permis de se baser sur des calculs astronomiques pour déterminer les dates du mois de Ramadan.

L’imam Ahmed Ibn ‘Ali Al Jasas Al Hanafi (mort en 370 du calendrier hégirien) a dit: « Celui qui dit qu’il faut prendre en compte la position de la lune et les calculs des astronomes est sorti du jugement de la charia et cette question n’est pas une question dans laquelle l’ijtihad est possible car le Coran, les textes de la Sounna et le consensus montrent l’inverse ». (Ahkam Al Quran 1/250)Cheikh Al Islam Ibn Taymiya (mort en 728 du calendrier hégirien) a dit : « Nous savons forcément que dans la religion de l’Islam, concernant la vision de lune pour le jeûne, le pèlerinage, le délai de viduité et autres parmi les règles en rapport avec la lune qu’il n’est pas permis de mettre en pratique le calcul de l’astronome. Les textes du Messager d’Allah (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) montrant cela sont nombreux et les musulmans sont en consensus sur ce point ». (Majmou’ Al Fatawa 25/132)L’imam Siddiq Hassan Khan (mort en 1307 du calendrier hégirien) a dit: « La détermination des jours et des mois par les calculs en fonction des positions de la lune est une innovation par consensus de la communauté ». (Rawdatou Nadiya 2/11)

Cher « Professeur » compromis n’est pas compromission:Dans la relation entre Serigne Touba et l’autorité coloniale, il y a lieu de distinguer ce que peut être un compromis et une compromission.

Ecouter et appliquer les directives d’un nom musulman pour la réalisation d’un acte cultuel relève d’une compromission. Ce qu’aucun mouride ou tiijaan ne peut accepter. C’est là part insultante qui a fait réagir ceux qu’il traite de meute, d’imbéciles, d’idiots ou de cons. Le « professeur » aurait pu se contenter de parler d’un quelconque télégramme ayant pour objet d’informer uniquement. Ce serait jusque-là compréhensible.

Il y a dans la démarche de Serigne Touba de l’époque précédant les hostilités jusqu’à l’époque apaisé de résidence surveillée à Diourbel, une constance dans ces principes accompagnée d’une adaptation selon les contextes changeant en dépit de la diversité des situations. La constance dans sa démarche s’illustre à travers son soucis permanent de fidélité à l’enseignement coranique et à la « Sunna » du Prophète (Psl). Adaptation et Constance ou Principe et Méthode qui non compris peuvent amener tout « professeur » ayant la paresse de faire une recherche sérieuse et rigoureuse à des conclusions erronées. L’exemple patent du traité de Hudaybia pour étayer la possible injonction du colon dans les pratiques cultuelles de nos guides confrérique en est une preuve tangible. Car ce traité conclu entre le Prophète (Psl) et les Quraïchites bien que difficilement accepté par ces compagnons ne remettait en question en aucun cas les fondamentaux de la religion et ne faisait aucune injonction sur la manière d’accomplir leur acte cultuel. Ce traité ne visait entre autre qu’à permettre à notre Prophète (Psl) de faire son Pélérinage sans être inquiété et n’influençait en aucun leur manière d’accomplir le cinquième pilier de l’Islam. Jeûner ou rompre son jeûne par le biai d’un télégramme fournis par le colon avec tout ce que cela implique dans la Chari’a (rsique de Kafaara, Jeûner un jour de Eïd) remet en question l’expertise dans les sciences lunaires de l’école de Serigne Mbacké Bousso tant chantée par Cheikh Anta Diop. Cette injonction du pouvoir colonial dans les pratiques cultuelles remet aussi en question la crédibilité des héros musulmans (Cheikh Ahmad Bamba, Elhadj Malick Sy et Elhadj Abdoulaye Niass). « A vous votre religion, à moi la mienne » [ Coran 109:6].

Invoquez le nom des guides religieux appartenant à la confrérie à laquelle on fait partie (Elhadj Malick Sy, Elhadji Abdoulaye Niass), ne peut en aucun cas amener un esprit critique à croire en l’objectivité d’une telle déclaration.

Voir l’adaptation de la posture du Cheikh par rapport aux stratégies changeantes des colons comme une sorte de compromission relève de la méconnaissance des principes qu’il défendait. Utiliser l’exemple d’autorisation de la construction d’une Mosquée pour justifier la possible injonction du colon dans nos activités religieuse est un signe manifeste de mauvaise fois et de lecture erronée de l’histoire. La participation d’un non musulman (Colon) dans la construction d’un édifice religieux (Mosquée) ne peut en aucun paraître comme une COMPROMISSION. Car n’ayant aucun impact sur notre manière d’adorer notre Seigneur. Cela ne définit ni le temps (heures de prières calendrier lunaire) ni l’orientation de ceux qui prient (Qibla). Bien au contraire, Il s’agit d’échanges de biens et services pour des projets de la cité. « Et si les mécréants inclinent à la paix, incline-toi aussi vers la paix et place ta confiance en Dieu… Et s’ils veulent te tromper Dieu te suffira. C’est bien Lui Qui t’avait soutenu auparavent par Son secours… » [Coran 8 : 61].

L’interview de Serigne Fallou Mbacké sur son soutien à Senghor pouvait pourtant servir au « Professeur » de comprendre le champs de délimitation de l’action gouvernementale dans les activités et projets du religieux. « Nous avons aidé Senghor parce que pour nous il est le plus apte à gérer la cité mais pas pour s’immiscer dans nos affaires spirituelles et religieuses… »Bref, si Serigne Touba avait accepté une quelconque compromission comment se fait-il qu’il fut contraint en résidence surveillée jusqu’à la fin de sa vie. Négocier sa « liberté » de pouvoir réaliser son projet de Pèlerinage à la Mecque et d’aller à Touba sa Ville préférée, ne serait-il pas beaucoup plus important pour lui que de se laisser dicter ses jours de jeûne et de rupture?

Falilou Ndiaye

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