En regardant certaines émissions télévisées au Sénégal, je me pose une kyrielle de questions… entre autres :
Est-ce que les sénégalais connaissent Serigne Touba?
Jouons nous réellement ( en tant que jeunes talibes ) un rôle déterminant à la vulgarisation de l’œuvre de Khadimou Rassoul mais aussi et surtout à l’incarnation du Mourid Mindset partout et pour tous comme le font certains de nos kilifeus?
Sommes nous conscients des questions et enjeux de l’heure et de comment Serigne Touba ( quand je dis Serigne Touba je fais allusion à son œuvre, ses enseignements, sa philosophie, son idéologie ….) constitue la solution à tous ces maux et la réponse à toutes ces questions?
Moi Mouride danoukat, pour répondre à la première, je me vais me limiter à Serigne bi dou kou gnouy kham ( Personne ne peut connaître le Cheikh)
« Pourtant, me rétorquerait un autre talibé certainement plus lucide que moi kou diara khamle la ( il est de notre devoir de faire connaître Serigne Touba…) ».
Par rapport à la deuxième, je pense que beaucoup de talibe à travers des dahiras, productions littéraires et rencontres abattent un travail considérable pour la vulgarisation de l’œuvre du Cheikh.
Mais est-ce que nous mesurons l’impact, je veux dire de manière proportionnelle sur le nombre de personnes qui se disent mourides et qui doivent connaître au moins comment Serigne Touba lui même accepterait leur Mouridité en particulier et sur toute personne qui doit connaître Serigne Touba, ne serait-ce que pour sa culture générale 😊.
So, un changement de stratégie tout en respectant l’orthodoxie mouride ne doit-elle pas s’imposer ?
Les réponses peuvent être autant variées les unes des autres mais une chose est claire:
Nous qui, nous faisons appeler Talibe Murid, avons la responsabilité et de manière très urgente de déprivatiser ( pour reprendre l’expression de Guirassy) Serigne Touba.
Un défi ultime pour en faire une panacée pour tous.
Serigne Touba la kéneu khamoule koumou done, wakha touma loumou done. Serigne Touba, liguéyal ko moy liniou amale nieurigne. Sélale sa dieum, sélale sa khole, sélale sa kaddou, sélale sa djiko, sélale sa dokhaline, fonk Al Kouran, fonk khassida yi, wathié sa bopp, bania béw, bania reuy, moytou lou lay niakale fayda ak louy yakk dérrou Serigne bi, pour mane nonou laniouy liguéyalé Serigne Touba.
Kou goor goor lou si niou bindeu nii, koula guiss dina beugg kham fane ngua diogué ak fane ngua bokk. Soudo déffé ngua wane ko Serigne bi.
Du nii, nii lë :
Ku goor lu ci sunu mbind, mi,kula gis Dana bēgga xam Fann NGA jogge, ak fan NGA bokk.
Suko defee, NGA wann ko serin bi !!!
Yaakaar naani, danoo wara samoo, ni nu tërële mbind mi.
La compréhension de « Jizawasakoor-Geej gi’’ par un néophyte, un non-initié.
‘’Beppub lakk refet na.Buy gindi ci nit xel ma
Buy tudd ci jaam ngor la’’
‘’Toute langue est belle
Si elle sait dire de l’homme
La vertu et la science’’
Serin Musaa Ka
C’est depuis mon tendre enfance que je me suis familiarisé, dans la contrée du ‘’Njambuur-Louga’’ avec « Jizawasakoor-Geej gi ‘’. Le récit de la déportation de Serigne Touba, par bateau (d’où le sous-titre geej-gi), de Dakar au Gabon, brillamment rapporté par Serigne Moussa Ka, puis chanté d’égale beauté par Serigne Moussa Guèye Ndar de (Saint-Louis, Sénégal) et par d’autres disciples moins connus.
En rentrant de l’école, nous nous attardions régulièrement à un ‘’DIWAAN’’ (meeting religieux animé par un érudit, mouride).
Disons tout de suite que je ne fais pas dans l’exégèse. Car en matière ésotérisme, je ne peux en dire grand-chose, puisque je n’y connais rien du tout.
Rares, sont les historiens-chercheurs (francophones comme arabisants), qui se sont penchées, spécifiquement, sur les aspects touchant la dimension politique, économique et linguistique et historique de l’œuvre du Cheikh. La dimension poétique a subjugué plutôt les disciples et les patriotes sénégalais, en général.
Les historiens n’ont pas regardé du côté des archives coloniales pour voir l’itinéraire et les conditions de vie du Cheikh durant son périple et sa période de détention. Le travail de l’universitaire Sana Camara du Truman state Université d’Illinois, ne s’arrête qu’a la traduction du texte wolofal à caractères arabe, au wolofal à caractères latin.
Au plan politique, la dimension anticolonialiste de Serigne Touba, se mesure à travers cette salve contre le ‘’Blanc’’ (colon), annonçant les couleurs : ‘’Bann tubaab, doy na jaamu Yalla’’ (détester le blanc, suffit pour rendre grâce à Dieu).
Arrêté, brimé, déporté loin des siens durant plus de 7 ans, le colon n’a eu de cesse à porter tort systématiquement au Cheikh et à son pays qu’il mit à feu et à sang.
Concomitamment au pillage et à la spoliation de ses richesses.
Nous avons eu à préciser quelque part, à un soi-disant ‘’disciple-politicien’’, que le Cheikh ne faisait pas dans le racisme, mais était sur des positions politiques. Par conséquent le terme ‘’Tubaab’’, désigne, ici, le colon et non la couleur de sa peau.
Maintenant par rapport la dimension linguistique qui me motive dans le récit, il est à rechercher dans cet adage qui dit que :‘’Xayaan bala muy neex nga degg sereer’’, Selon les wolof ou sereres. Le xayaan (soirée récréative en pays sérère) n’est plaisant que lorsque l’on maitrise la langue sérère, dit l’adage wolof ou sérère.
Ceci pour dire que les wolophofones acculturés ne verront, parfois, que du feu dans le récit de Serin Muusa Ka, repris brillamment par Serin Mussa Gèy, en wolof. Disons que beaucoup de jeunes et adultes, d’ailleurs, sont incapables de nommer, en wolof, la plus petite espèce de la faune ou de la flore de leur terroir. A fortiori de vous expliciter une strophe du texte de Sërign Musaa Ka.
C’est le cas, par exemple, de ce tableau pittoresque et poétique, du point de vue linguistique, Une fresque, une toile qui illustre la beauté de la langue : » Ba mu xëyee ba sëndëmël wa Koki, sandarma say rambal, tubaab yay fokki ». (Se dirigeant vers Koki, la troupe se mit au galop, les colons boursoufflaient, piaffaient en bombant le torse. (cf. Musaa Gey, vidéo YouTube):
Ici, Serigne Moussa Ka met en évidence le ‘’bruit et la fureur’’ des gendarmes qui escortaient l’expédition se mettant en mouvement, vers la ville de Koki. Ensuite, Louga et Saint-Louis ou il était convoqué par le gouverneur du Sénégal.
Par rapport à ses conditions de vie, sa rencontre avec l’agent des services des douanes, Blaise Diagne, futur député sénégalais de la coloniale, à l’époque, montre que le Cheikh n’était pas bien loti quant à sa prise en charge concernant ses besoins culinaires. Car c’est Blaise lui-même qui l’assistait comme cuisinier. Cumulativement avec ses fonctions. ‘’Baleese na ko sa jaamu waan laa’’. Ici, du point de vue historique, le récit montre que Blaise qui était en service, au Gabon, en tant fonctionnaire des douanes l’avait accueilli avec déférence et l’assistait humainement comme son cuisinier volontariste, ‘’sa jaamu waan laa’’ (ton esclave de cuisine).
Cela dit, on note sa tolérance affiché à l’égard du personnage nommé Massène, qui était certainement un assistant de Blaise). ‘’ Ma nga And ak Masseene, wajaa nga naan ba mandi » (Il était accompagné d’un certain Massène saoul et semblait avoir reçu sa dose).
Maintenant, coté histoire, l’observateur averti pourrait se poser des questions en ce qui concerne l’itinéraire emprunté par le bateau. Car le récit en mentionnant le port de Matadi, indique un détour inexplicable jusqu’au Congo belge. Car Matadi se trouve sur le fleuve Congo, possession de Léopold II, à l’époque. Pourquoi ce détour alors que le Gabon avait (sauf erreur), un port sur l’Atlantique ? Les historiens nous dirons si le port de Libreville était bâti ou non
Du fait que la doctrine du RESISTANT Cheikh, bien, que non-initié, me semble être malmenée par des flibustiers et autres boucaniers politiques sénégalais. Ils sont mis en garde, ici : ‘’Amna noo xamnni dana leen sëllbu. Amna noo xamni dana leen sëlbu. Amm na noo xamm ni dinaa leen yëlbu’’( pour certains je les maudirai. Pour d’autres, je les lâcherai’’
Il semble que cette sentence (selon les spécialistes) n’épargnera ni ses fils ni ses talibés, s’ils seraient en faute.
A ce niveau, les talibés et les sénégalais honnêtes ne peuvent s’empêcher de penser à ce tonitruant faux ‘’Taalibé’’ impliqué dans l’affaire de Médina Salam. Une affaire scabreuse pendante devant la justice sénégalaise depuis 6 ans. On ne peut, ne pas dire la même chose en ce qui concerne ce faux ‘’Jawrigne’’(dignitaire) affairiste dont un quotidien de la place a eu à dépeindre ses escapades et caprices ‘’haraam’’ (malsains), dans la ville sainte, lors de ces récents et derniers travaux, liés à ceux XELCOM ou au Grand Magal.
Donc, exploitant le sentiment religieux des talibés (disciples) à des fins politiciennes à l’occasion d’une rencontre internationale, nous leurs avons dit qu’ils ne sont pas à l’abri de la sentence du Cheikh.
Sur autre plan, on peut dire que le comportement du Cheikh peut renseigner sur ses options économiques ou politiques. Car, certains de ses contemporains, témoignent que ses habits n’avaient pas de poches. Une manifestation signifiant qu’il abhorrait la chose matérielle et son rejet du capitalisme. ‘’ Alal du tax ma jengg…’’, dit-il quelque part, pour confirmer ceci.
Nous aimerions bien avoir les points de vue des disciples du philosophe, dialecticien et théoricien sénégalais feu Sémou Pathé Guèye.
Cette observation va certainement faire sursauter tous les faux dévots carriéristes-démagogues, ‘’politiciens-affairistes’’, proches de leurs coffres et leurs… chéquiers : Si le Cheikh était contemporain des hommes tels que Cheikh Anta Diop, Lénine, Lamine Senghor ou Fidel Castro, ils ne manqueraient pas d’avoir les mêmes identités de vue sur les questions relevant du progrès social et les questions anticolonialistes, anticapitalistes. N’est-ce pas que c’est Senghor disait, lors de l’inauguration de l’actuelle grande mosquée de Touba. ‘’Me trouvant devant ce sanctuaire grande mosquée, j’ai envie de prier. Mais à ma manière !’’
Cela dit, les politiciens ont porté beaucoup de tort, et un rude coup à ce concept de la politique au point de le pervertir dangereusement. Aujourd’hui les rapports les entre les jeunes religieux musulmans et certains politiciens-affairistes, carriéristes néo colonisés, sont si néfastes que ce sont ces gens qui, vont nous dire qu’un marabout ne doit pas faire la politique. Cela, dès l’instant que le marabout ne veut pas chanter sa musique.
Le fait que Serigne Touba, Cheikh Hamalah, Maba Diakhou Ba, pour ne citer que ceux-là, se soient opposés aux visées colonialistes du blanc jusqu’à affronter la déportation et le sacrifice suprême, relève d’un comportement éminemment politique.
Cela nous amène à la vision économique de Sérin Tuuba Cheikh Bamba. Peu de sénégalais savent que le tronçon du chemin de fer Thiès-Touba est de son initiative. Je tiens d’un ami, l’ingénieur des Btp, Assane Diop, que l’embranchement du chemin de fer Thies-Touba a été financée en partie ou en totalité par Serigne Touba. Le colon qui n’entendait pas lui faire des cadeaux, dans le but de saboter le projet, s’est évertué à lui mettre des bâtons dans les roues en lui créant des difficultés. Subodorant, sans doute, ses retombées bénéfiques au plan politique. Il lui a été exigé de verser des salaires aux talibés volontaires. Qu’à cela ne tienne, répondit le Cheikh. . Mais ces derniers après avoir perçu l’argent le reversent totalement au projet.
Ironie du sort et de l’histoire, c’est sous le règne d’un président de la République du Sénégal que les traverses des rails ont été totalement démantelées.
En faisant un bilan sommaire de tous les présidents sénégalais qui se sont succédé, de 1960 à maintenant, on peut aisément se rendre compte qui est patriote et qui ne l’est pas. Si ceux-là ont cherché à les cacher à la jeune génération, c’est par ce l’œuvre des résistants que nous venons de citer, sans oublier ce Senghor que son ‘’président-fils’’ n’a jamais rendu hommage ou même mentionner son nom, dans un seul de ses discours. Nous parlons de Lamine Senghor, ancien combattant de 14/18 et ancien compagnon de Ho Ki Min.
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On nous cache ces patriotes, par ce que tout simplement leurs œuvres historiques portent ombrage à leur patriotisme préfabriqué.
‘’Danuy dundd ci Bamba ji, waaye dundda lu nu Bamba ji’’ (Ils vivent de la doctrine de Bamba, mais ne vivifient pas sa doctrine), dit le citoyen Assane Diouf.
Arrêté, trainé depuis belle lurette dans la boue, il est gardé au cachot sans jugement. Cela par ce qu’il a proféré des injures envers autrui. Mais qu’est-ce qu’on attend pour le juger ?
Et ce que ce n’est pas à cause de cela, de l’injustice, de l’ ‘’impunité endémique’’, qu’il utilise l’injure comme arme, comme système de défense politique, pour résister politiquement ? Tant il est vrai qu’à ‘’la guerre comme à la guerre. On utilise les armes qu’on a, à sa portée pour se faire entendre, se défendre politiquement.
Qui disait qu’aux Nations Unies, ne sont écoutés que les détenteurs de Bombe…atomique s’entend. Ceux qui n’en disposent pas sont traités (comme au Sénégal de voyou, d’Etat voyou’’). Trump, protège des assassins d’enfants au Yémen, à la bande de Gaza, en Palestine et …en Turquie, pour un contrat d’armes de 400 milliards.
Ne devrait-on pas nous demander
Ceux qui le traitent d’insolent, de mal poli etc., ne versent-ils pas dans la morale bourgeoise crasseuse, à partir de canaux de jugement relevant des tenants du système d’exploitation coloniale, bourgeois et féodal ? Assane ne dit-il pas tout haut, ce que 95% des talibés mourides et 90 % des sénégalais musulmans, disent tout bas ? Du reste, tout le monde injurie dans les chaumières et garrottes par ce temps de marasme ‘’avoué’’ par le ministre des finances.
Pour parler comme Anlain Badiou et Bado Ndoye,Ucad : De quoi, Assane Diouf est-il le nom ?
Il est curieux de constater que certains ‘’historiens traditionalistes ou modernistes’’ qui parlent des œuvres des Cheikh Bamba, d’El-haji Malick et autres, ne mettent jamais l’accent sur les aspects de leurs œuvres, en tant que résistants politiques.
Durant toute une période, pour des raisons diverses liées au caractère néocolonial de l’Etat en place, les enseignants n’ont pas pu prendre en charge, dans le programme, la question des patriotes résistants, tels que Sidya Diop Ndatte Yalla, Ahmadou Bamba, Maba Diakhou Ba, Lamine Senghor et autres. Ce qui fait que beaucoup de figures légendaires ont été cachées aux populations. Par couardise, pour certains. Pour d’autres par carriérisme ou pour plaire ou pour ne pas fâcher ou se fâcher d’avec une famille ou avec la France.
Dakar, le 17 novembre 2018
Ababacar Fall-Barros
Membre du Front culturel Sénégalais
Cheikh bi sa commentaire bi am na solo. jotu maa jang lép waayé sou ma fééxéé dana ci ñëw ci ay jangat selon nima déggéé.