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Les différences entre «askan», «geño», «xeet» et «meen» dans la société traditionnelle wolof

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Dans la société wolof traditionnelle, l’individu a conscience d’appartenir à deux lignages qui déterminent pour chacun son statut : un lignage agnatique et un lignage utérin. Chacun de ces lignages a, d’après Abdoulaye Bara Diop, un sens large et un sens restreint.

Le lignage agnatique élargi (« askan » en wolof) « englobe tous les parents issus des hommes par la filiation patrilinéaire, y compris les tantes paternelles », tandis que le lignage agnatique restreint ou « geño » « désigne le patrisegment d’Ego s’arrêtant au grand-père ou à l’arrière-grand-père paternels ».

Le lignage utérin élargi ou « kheet » « englobe les parents du côté maternel sans référence à la filiation ; c’est la lignée issue d’une femme ancêtre, y compris plus généralement les individus non apparentés mais traditionnellement rattachés par des liens sociaux étroits au matrilignage : esclaves, membres de castes inférieures clientes ». Le lignage utérin restreint ou « meen » désigne « la parenté utérine proche qui va d’Ego à la grand-mère ou à l’arrière-grand-mère maternelles. Celle-ci comprend trois ou quatre générations d’apparentés, par la voie maternelle ».

Pour prétendre au pouvoir royal, « il fallait descendre, en ligne patrilinéaire, du premier roi et, en ligne matrilinéaire, d’un certain nombre de dynasties » constitutives de l’ordre « garmi » duquel étaient issus les souverains. Si l’hérédité est biologique chez les Wolof, c’est par le matrilignage que se «transmet non seulement le sang (« deret »), la chair (« suux »), mais aussi le caractère (« jiko ») et l’intelligence (« xel ») ». La primauté de l’hérédité matrilinéaire s’exprime à travers la prohibition très forte de l’union entre cousins maternels, et la transmission par le côté maternel de pouvoirs surnaturels ou de sorcellerie.

[Extraits de « Touba: la capitale des mourides » de Cheikh Guèye (Editions IRD Karthala, 2002), p. 151]

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