«Sindîdi» est un poème de 50 vers qui a été écrit et réécrit par Cheikh Ahmadou Bamba à trois reprises au moins.
La première version, plus connue sous le nom de «Sindîdi », débute par «Yallâhu bil Mustafâs- Sindîdi Yallâhu wa bi xalîlika Ibrahîma Yallâhu». La deuxième dénommée «Mahbûb», débute par «Yàllahu bil Mustafâl Mahbûbi Yallâhu wa bil Muxallali Ibrahima Yallâhu» et la troisième commence par «Yallâhu innî ilaykal yawma Yallâhu, abqîl wassîlata bil Muxtâri Yallâhu».«Sindîdi» est la première version écrite par le Cheikh alors qu’il n’était qu’à ses débuts.
Le Mouridisme n’avait pas vu le jour. Son père Mame Mor Anta Saly était encore de ce monde, contrairement à sa mère Sokhna Diarra Bousso qui avait déjà rejoint le Seigneur. D’ailleurs, le Cheikh, en guise de prière pour sa mère, écrit : « Wa najjinî wa jamî hal muslimîna mahan wa najji wâlidâti âmîna Yallâhu » (Sauve moi, Sauve l’ensemble des musulmans, Sauve ma mère ! Amen ! Ô mon Dieu).
Serigne Bassirou Mbacké, fils du Cheikh, indique par ailleurs dans son ouvrage «Minanul Bâqil Qadîm» que c’est dans le poème «Sindidî» que Cheikh Ahmadou Bamba exprima pour la première fois, dans un écrit, sa haute ambition.Le contenu du poème consiste en des prières qui figuraient déjà dans un ouvrage intitulé «Duhâ-u sayfî».
Il se dit que Sokhna Asta Walo, grand-mère maternelle du Cheikh, l’avait remis à celui-ci en guise de protection. Le Cheikh s’y est appuyé, l’a modifié, et y introduisit des prières pour sa mère Sokhna Diarra, ce qui a donné « Sindîdi ». Il remit ensuite le poème revisité à sa grand-mère.C’est quand le Cheikh fonda la Ville Sainte de Touba, vers 1311 H, qu’il composa «Mahbûb», une nouvelle version de «Sindîdi».
C’est à cette époque qu’il prit l’engagement de devenir Khadimou Rassoul, en œuvrant exclusivement pour le Prophète (PSL) et en Lui dédiant des poèmes chaque année.Par rapport à «Sindîdi», le Cheikh a rajouté 10 vers dans «Mahbûb», ce qui fait un total de 60 vers. 6 parmi ces 10 nouveaux vers se retrouvent à la fin du poème. La quintessence de ces vers revient d’ailleurs dans les poèmes «Râ-i-yah», «Jazbu» et «Fathu Fatâ».
Le Cheikh affirme en effet : « le Prophète (PSL) est la Meilleure des créatures qui mérite que je compose chaque année des poèmes en guise de dons pieux ».Certains vers ont par ailleurs été modifiés par le Cheikh.
En effet, puisque son père avait quitté ce bas-monde, il modifia, par exemple, le vers de prière en faveur de sa mère pour y ajouter son père. Il écrit à cet effet : « Wa najjinî wa jamî hal muslimîna mahan wa wâlidayya minân nîrâni Yallâhu » (Sauve moi, Sauve l’ensemble des musulmans, Sauve mes deux parents des Enfers ! Ô mon Dieu).En outre, certains vers figurent dans «Sindîdi» et non dans «Mahbûb» et vice-versa. Parfois, le Cheikh développe un peu plus la thématique d’un vers en y ajoutant d’autres prières.
En revanche, 21 vers restent inchangés dans les deux poèmes et on en retrouve 12 dont un seul mot change.Pour les besoins de la troisième version, le Cheikh modifia «Mahbûb» pour débuter le poème par «Yallâhu innî ilaykal yawma Yallâhu… ». Il rajoute 30 vers, ce qui porte le nombre à 90 vers, correspondant à la valeur numérique du nom de Dieu «Maliku».
Source : Serigne Bassirou Touré
Synthèse et traduction : Sokhna Awa Tall BA