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CHEFFERIES TRADITIONNNELLES : COMMENT REVISITER NOTRE « NATION-BULDING » ?

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Dans le sillage de deux textes majeures.
L’un sur la cosmovision sénégalaise pour récupérer notre Moi. L’autre sur la troisième voie sénégalaise publiés sur cette page…J’aborde aujourd’hui la question de nos chefferies traditionnnelles qui méritent une lecture plus globale. Le constat, et c’est encore valable aujourd’hui, est que le système colonial a donné la part belle à la communauté Lebou. Nous sommes encore restés sur ce schéma.

Il faut sûrement revisiter la fondation de nos états post-coloniaux. D’une manière générale, je pense que dans beaucoup de pays en Afrique, les projets annoncés de « moderniser » les Etats n’ont pas pu se départir de la volonté d’isoler et de nier des forces traditionnelles qui ne sont pas dans le sens de leurs intérêts. Mais ils ont échoué. Ils n’ont pas pu écarter ces chefs des centres de décision locale, car ces institutions sont plus enracinées que nous ne le pensons. Nous le voyons en Casamance et même ailleurs au Sénégal sous des formes différentes.

On le voit aussi dans beaucoup de pays y compris parfois en milieu urbain. La prolifération des chefferies dans les quartiers urbains est une donnée que nous voulons ignorer. Cela a plusieurs implications. Dans certains pays /cas, certains chefs avaient joué un rôle central en tant que mandataires des gouvernements coloniaux.

Revêtus du manteau de la tradition, ils se sont vus confier la gestion des populations et l’extraction /l’extorsion de ressources. La faiblesse de l’État dans l’arrière-pays rural a permis à certains chefs de jouer le rôle d’intermédiaires du pouvoir ou des différents régimes post-coloniaux. Dans ces cas, la migration rurale-urbaine à érodé, /discrédité le pouvoir et le prestige des chefs. L’alliance avec le politique a été partout un « killer ».

Mais d’un autre côté certains sont restés totalement intacts et notamment ceux qui ont pu se démarquer du clientélisme et faire face aux formes de coercition exercées par les États modernes toujours instrusifs et manipulateurs.Là, on revient à la définition de chefs d’autorités traditionnelles au sens de Weber; c’est-à-dire en tant qu’autorité reposant sur une croyance établie dans le caractère sacré des traditions immémoriales. Je pense que cela apporte une différence fondamentale entre les formes traditionnelles restées pures et crédibles et les formes « modernisées » soutenues ou tolérées par un pouvoir étatique central. C’est un élément très important du « nation building » qu’il faut revisiter sans complexe.

Mais il faut qu’on rétablisse les choses. En Afrique du Sud, il existe un Département des affaires traditionnelles. J’appuie personnellement plusieurs Reines, Princes et Princesses de la Basse Casamance à participer à plusieurs voyages internationaux ou séances de vidéos conférences sur des plateformes dédiées aux royaumes africains organisés par l’Afrique du Sud ou le Nigeria qui ont structuré leurs chefferies traditionnnelles.

Nous pouvons voir le rôle du Morho Naba au Burkina. Nous pouvons aussi analyser comment les émirats on pu évoluer au Nigeria. En un moment, la légitimité traditionnelle a servi de levier et les acteurs politiques et pour certains chefs traditionnels. Les situations de » patronage » ont eu des impacts à la fois positifs (ancrage dans la structure institutionnelle, reconnaissance accrue, forte capacité de négociation pour attirer des ressources au niveau local, etc) et négatifs (alliance avec les régimes, concussion, etc.).

Tout cela a des incidences sur les processus de démocratisation de nos pays. Mais aussi sur l’exigence de refondation. On peut pas juste s’arrêter à la vision manichéenne du système colonial et tout expliquer par les systèmes d’administration directe ou indirecte.

Il faut aussi dire que les systèmes traditionnels ont du s’adapter et (se) re-inventer. Nous laissons cela aux sociologues et experts en science po.

Par: Ndukur Kacc Essiluwa Ndao

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